Les bagnards de la carte postale
Des forçats modèles
Les parcours qui mènent Lanes, Pérez, Lévy et Ricord au commerce saint -laurentais sont à l’opposé de ceux qui, à l’image d’un Roussenq ou d’un Dieudonné, multirécidivistes de l’évasion, abonnés à la réclusion cellulaire ou éternels “ incorrigibles ”, choisissent la voie de la révolte contre le système pénitentiaire. Ils ne sont pas non plus de la cohorte de ceux qui abdiquent, finissant, à leur libération, loqueteux et squelettiques, à hanter les porches des maisons de commerce du village ou les halles du marché, chapardant et mendiant leur survie.
Ces quatre transportés incarnent, aux yeux de l’AP tout au moins, le profil, rare et atypique, du forçat modèle. Face à la dure réalité du quotidien au bagne — exil, misère, faim, rigueur du climat et des corvées, autorité abusive des surveillants — ils collaborent avec le système pénitentiaire, se ménageant une situation pour finalement être des rares à revoir la France.
Tout au long de leur peine principale, tous quatre se tiennent tranquilles. Leurs dossiers matriculaires sont parcourus de bonnes appréciations et les promotions de classes s’enchainent. Évitant les travaux les plus pénibles, on les retrouve à toutes les “ planques” les plus convoitées du bagne - infirmiers, canotiers, employés au service des écritures et porte-c......