Mayotte à nouveau menacée par une pénurie d’eau

Mayotte - Fin 2016. Le sud et le centre de Grande Terre se retrouvent face à une crise sans précédent. Les réserves d’eau sont au plus bas et le volume insuffisant ne permet plus de pourvoir aux besoins de la population. En décembre, la retenue collinaire alimentant à 84% les communes du sud de l’île n’est plus remplie qu’a 15% de sa capacité totale. Après un arrêté préfectoral, des tours d’eau sont mis en place, avec des coupures allant jusqu’à 26 heures consécutives dans 8 communes. L’objectif est simple : rationner les consommateurs et économiser ce bien essentiel. On pointe du doigt l’arrivée tardive de la saison des pluies ou la forte croissance démographique. Mais l’Etat et les collectivités sont également accusées de la mauvaise gestion des ressources. Le manque de forages, l’absence d’interconnexion entre les retenues collinaires du nord et du centre ou encore la trop faible capacité de l’unité de dessalement de Petite Terre. Un plan Urgence en Eau de plusieurs millions d’euros est lancé. Mais en août 2020, le spectre d’une nouvelle pénurie plane sur l’île, et des tours d’eau sont une fois de plus instaurés dès le 7 septembre sur l’ensemble du territoire. Un calendrier des coupures est établi par la SMAE (société mahoraise des eaux), l’ARS (agence régionale de santé), la SMEAM (syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte) et la Préfecture. Il annonce un soir d’interruption par semaine et par commune. Or sur le terrain les coupures sont beaucoup plus fréquentes et surprennent les populations. Pire, malgré ces mesures, la consommation journalière augmente, elle est d’environ 34500 m3/jour alors qu’elle devrait se situer autour de 28500m3/jour. Le mécontentement grandit et nombreux sont ceux qui s’interrogent sur ce qui a réellement été fait jusque là quant à la gestion des ressources hydriques. L’usine de dessalement ne produit que 2300m3 d’eau par jour contre les 5300m3 prévus par le Plan d’Urgence. Les travaux réalisés trop rapidement ont généré de nombreux défauts qui ne lui permettent pas de tourner à plein régime. La troisième retenue collinaire promise à l’époque n’a jamais été construite; il semble que les différents acteurs aient du mal à faire avancer le projet. Les élus et décideurs locaux seraient cependant bien inspirés de prendre le problème à bras le corps car comme le confirme M. Floch directeur régional de météo France, le changement climatique entraîne une saison des pluies plus tardive et plus courte. Et si sur cette période on note des épisodes pluvieux plus intenses cela ne permet pas de remplir les bassins de façon efficace. Et cela devrait se confirmer dans les années à venir, ce qui n’est pas de bonne augure pour l’île et ses habitants, auxquels on vient d’annoncer le prolongement des coupures d’eau jusqu’au 10 janvier 2021. Texte et photos de Marion Joly

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