En Guyane, la place de la biomasse en débat
Depuis le haut de la colline de Chez Oumar, la vue sur le lac de Petit-Saut a beaucoup changé, derrière les carbets de bois aux peintures rastas de l’ancien cuisinier du chantier du barrage EDF. Reconverti en logeur au pied du débarcadère principal du lac après la fin des travaux, dans les années 1990, l’homme est finalement retourné à ses premiers amours, grâce aux chantiers du projet Triton, explique-t-il avec verve. En Guyane française, nombreux sont ceux qui ne partagent pas son enthousiasme, à la vue de la latérite retournée sur les futurs emplacements d’un second débarcadère, d’une scierie et d’une centrale biomasse, qui seront alimentées par le bois immergé récupéré sous la surface de l’eau : « C’est juste trop dommage de ne pas laisser le lac tranquille », lance une touriste de passage, défaite, avant de descendre à son canoë.
Depuis l’annonce de l’exploitation des 36 500 hectares de forêt immergés lors de la construction du barrage EDF (actuellement le plus gros lac artificiel de France, anciennement d’Europe) pour un objectif d’obtenir, selon les dires de Voltalia, « dès 2025 une production de 9 000 m3 de bois d’œuvre immergé et qui sécurisera au passage 7 % du besoin en électricité du littoral guyanais », les interrogations et les critiques s’accumulent autour du projet du producteur de centrales d’énergie : dérangement des espèces aquatiques, dégradation paysagère, destruction des perchoir......