Entretien avec julien PRUDENT Le dernier gardien de phare
Entre ciel et mer, à 11 km au nord-ouest de Cayenne, un feu sur l’océan balaye la mer de son pinceau lumineux : le phare de l’Enfant Perdu. Du continent, l’arche d’appontement donne à l’îlot une intrigante silhouette. Cette arche fut construite pour y fixer un tangon, sorte de longue perche pivotante permettant aux navires ravitailleurs de rester en retrait des récifs. Depuis toujours, ce rocher fut un excellent amer pour les navires souhaitant embouquer la rivière de Cayenne.
Ce bout de rocher était autrefois appelé Meyoû (cassave), peut-être parce que l’île était plate mais aussi parce que c’était l’escale privilégiée des Amérindiens à l’heure de croquer la cassave…! C’est fin 1863 que le gouverneur, Tardy de Montravel, inaugura ce feu fixe. A l’époque de l’Administration Pénitentiaire (A.P.), deux bagnards étaient chargés de son entretien. Un jour, on oublia de les ravitailler. Le feu s’éteignit dans l’indifférence. Affamés, les bagnards construisirent un radeau et échouèrent sur les côtes de Sinnamary. L’A.P, égale à elle-même, les condamna pour abandon de poste. Initialement géré par la Marine, le balisage des côtes de France fut confié par Napoléon aux Ponts et Chaussées en 1806. Le service des Phares et balises obtient son autonomie en 1869. De nos jours, il est rattaché au Ministère de l’Equipement. C’est sous cette enseigne qu’a été engagé Julien Prudent, le dernier gardien de phare du département. Né à Saint Esprit (Martinique) en......