PARÁ Violence agraire et impunité persistantes

Le verdict du procès de l’assassinat du couple d’agriculteurs et militants écologistes José Cláudio et Maria do Espírito Santo a ravivé les tensions dans le sud-est du Pará. Le 4 avril dernier, le jury populaire de Marabá a condamné les deux tueurs à gages à plus de 40 ans de prison chacun, mais curieusement innocenté l’éleveur qui avait commandité le crime. Outrés, des centaines de travailleurs ruraux représentant différents mouvements sociaux ont réclamé justice, manifestant leur révolte par le caillassage du tribunal et des forces de l’ordre. Le Ministère public a fait appel. José et Maria ont été exécutés en mai 2011 dans la communauté agricole de Praia Alta Piranheira. L’éleveur était en conflit avec le couple. Il s’était accaparé frauduleusement des parcelles en vue de les transformer en pâturages pour son bétail. L’écologiste s’y était opposé, dénonçant au passage les hommes de paille au sein de la communauté. Le couple vivait de la cueillette de noix d’Amazonie, et tentait de concilier développement socio-économique et protection de la forêt. En préconisant le maintien de l’agriculture extractive, il allait à l’encontre des intérêts des exploitants forestiers et des grands éleveurs de la région. Selon José Batista, avocat de la Commission pastorale de la terre (CPT), « l’impunité est une des causes de la propagation de la violence. Mais il existe d’autres facteurs, comme la lenteur de la réforme agraire et l’usurpation des terres. » Dans son dernier rapport, la CPT souligne le déséquilibre des forces : « D’un côté, des indigènes et paysans comptant sur leur capacité à résister et sur le renfort de leurs alliés. Et de l’autre, les intérêts du capital défendus, encouragés et financés par les pouvoirs publics, et salués par les grands médias. » En 2012, la région amazonienne a enregistré 58,3 % des assassinats (21/36), 84,4 % des tentatives de meurtre (65/77) et 77,4 % des menaces de mort (229/296). Avec 639 victimes recensées depuis 1985, le Pará est de loin le triste détenteur du record de criminalité agraire au Brésil. Photo : noix du Brésil au marché de Belém. Pará - Communauté Jurunas. Pará (en bas) - P-O Jaypara

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