Urgence ! L’érosion du trait côtier surinamais est telle que les scientifiques prévoient la disparition de la mangrove d’ici trente ans. Pour éviter ce scénario catastrophe Sieuwnath Naipal, professeur d’hydrologie à l’Université de Paramaribo, a mis en place un projet original : « imiter la nature » en plaçant des digues filtrantes le long de la côte pour briser les lames, piéger les sédiments et gagner sur la mer. Une fois les terres récupérées, la mangrove recolonise la région et protège à nouveau le littoral.
« Notre littoral est plat comme une crêpe », a-t-il déclaré à l’agence de presse IPS en marge de la COP21, où il a défendu son projet et sollicité l’aide internationale. La mangrove protège la côte, mais elle est menacée par la montée du niveau de la mer et l’action de l’homme. « Au cours des 10 dernières années, le littoral a reculé de 600 mètres à certains endroits. C’est énorme, nous devons agir maintenant », a-t-il poursuivi. Mais la défense côtière est une entreprise coûteuse, chaque kilomètre consacré à la construction de digues revient à environ 6,5 millions US $.
Le Suriname compte environ 40 000 hectares de mangrove répartis sur les 386 km de sa frange côtière, pour une largeur de 3 à 8 km. Le littoral est alimenté en limon en provenance du fleuve Amazone. « Les changements climatiques dans la région amazonienne ont impacté les côtes. Nous pouvons tirer parti des millions de tonnes de sédiments charriés chaque année. »
Au Suriname, 9 habitants sur 10 résident sur le littoral. La double poussée migratoire et démographique conduit les gens à s’installer à proximité de la mer, ce qui a pour effet de détruire les écosystèmes. Le projet de réintroduction de la mangrove vise à enrayer ce fléau. Sieuwnath Naipal est raisonnablement optimiste quant à sa mise en œuvre : « Nous avons le soutien de [l’organisation environnementale] Conservation International Suriname. Nous avons obtenu des fonds de démarrage, et le gouvernement envisage de prendre la relève. »
Véritables boucliers contre les tempêtes, les inondations et les tsunamis, les mangroves sont riches en biodiversité, elles abritent de nombreuses espèces animales et végétales. Ce sont des zones dynamiques, riches en nourriture. Feuilles et racines fournissent des nutriments au plancton, algues, poissons et crustacés.
Source : thedailyherald.sx, 10/12/15.
Photo de Pieter Van Maele : le Professeur Sieuwnath Naipal inspecte son projet anti-érosion à Weg naar Zee, Paramaribo