Si la population réunionnaise consomme moins d’alcool que les métropolitains, les conséquences de cet usage sont beaucoup plus graves : passages aux urgences plus nombreux, mortalité liée à l’alcool supérieur, et multiplication des violences qui en découlent. En cause, un usage plus important à La Réunion des alcools forts et notamment du rhum local et de ses dérivés. David Mété, chef des services d’addictologie des CHU Nord et Sud de La Réunion et président de la Fédération régionale d’addictologie de La Réunion, alerte sur un système économique qui entraîne les plus vulnérables vers l’inexorable voie de l’alcoolisme. Rencontre.
Tout d’abord pouvez-vous nous décrire la situation de La Réunion en matière d’alcool ?
David Mété : L’alcool et l’alcoolisme, à La Réunion, c’est un vieux problème. On sait que dès le début du peuplement de l’île, l’alcool était présent. On fabriquait de l’alcool localement avec la canne à sucre. D’abord du vin de canne appelé fangourin, l’arak et, plus tard, le rhum. Dès le départ cet alcool pose problème puisqu’on a des preuves historiques, des témoignages qui décrivent les troubles liés à cette consommation chez les esclaves, les marins, les militaires et dans l’ensemble de la population. Depuis trois ans, j’ai lancé un travail historique pour tenter de comprendre d’où vient ce problème et, à La Réunion, j’ai identifié un véritable système “alcool” en place. Celui-ci est basé su......