Née en République dominicaine, diplômée d'État et travaillant comme infirmière dans un hôpital de Saint-Domingue, Anne Dimanche Saintil, 27 ans, a été congédiée du jour au lendemain en raison de ses origines haïtiennes. Privée d'acte de naissance – sa mère a accouché au domicile familial - elle redoute d'être expulsée en Haïti, pays où elle n'a jamais mis les pieds.
Selon les estimations, de 50 000 à 110 000 « citoyens » comme Anne Dimanche - originaires d'Haïti pour la quasi-totalité d'entre eux - se retrouvent sans statut juridique après que le gouvernement a retiré, sur décision de la Cour suprême fin 2013, la citoyenneté aux enfants nés de parents sans papiers sur le sol dominicain. Ils sont devenus des étrangers dans leur propre pays, empêchés d'obtenir des copies certifiées conformes de leur acte de naissance ou tout autre documentation nécessaire pour se marier, inscrire leurs enfants à l'école, ou occuper un emploi formel. Et des étudiants, infirmières, médecins, avocats ou encore sportifs de haut niveau ont dû renoncer à se rendre aux États-Unis faute de passeport. « Les mesures prises par la République dominicaine contre les immigrants haïtiens et les Dominicains d'origine haïtienne sont ignobles en termes de discrimination et de violation des droits fondamentaux de la personne », déclare Carlos Ponce, responsable de l'Amérique latine à Freedom House, une organisation basée à Washington qui défend les droits civils et politiques. De son côté, par ces décisions le gouvernement dominicain affirme apporter une solution humaine à l'immigration clandestine en provenance d'Haïti. La République dominicaine est un « pays sans exclusion, sans discrimination, mais aussi un pays rigoureusement organisé et dans lequel la loi doit être respectée », a déclaré le président Medina au cours de son allocution ......