Les incroyables coraux de Vetea Liao
Ce jour-là, Vetea Liao était en retard. En temps normal, il se baigne tôt, très tôt, à l’heure où la nuit commence à se diluer sur l’horizon. Mais ce matin de novembre 2014, lorsqu’il entre enfin dans l’eau, le ciel est clair, le soleil déjà haut, et le lagon de Moorea, délicieusement tiède.
Il devait être aux alentours de sept heures trente quand il l’a vu. Un brouillard étrange, un léger voile, juste au-dessus d’une patate de corail.
« C’était comme un feu qui démarre », se souvient Vetea Liao. En tant que biologiste marin, il cherche à identifier la patate fumante sous ses yeux : des petits bouts de gingembre, piquetés de minuscules points, un peu comme des fraises, pas de doute, c’est un Porites rus, une espèce commune dans ce coin de la Polynésie. Des comme ça, par contre, il n’en avait encore jamais rencontré. « Je ne comprenais pas du tout ce que je voyais », confie-t-il.
Le lendemain, Vetea Liao parle du mystérieux corail à ses collègues du CRIOBE, le Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement de Moorea, où il travaillait alors. Un flop : personne n’avait jamais observé un tel phénomène. Mais un doctorant finit par avoir une idée : peut-être que le corail se reproduisait ?
La reproduction des coraux, on l’imagine souvent de nuit : des plongeurs armés de lampes de poche, des eaux noires, des nuées de petites boules roses, en fait des gamètes portées dans le courant. Mais ......