Au fil de la crise, la vie sans eau
Les hommes ont failli, les regards se tournent vers le ciel. Mais dans un air de punition, en cette matinée de décembre, celui-ci affiche son visage le plus cruel pour la population mahoraise. Le voilà, comme depuis tant de mois, vide, diaphane. Esseulé et libre de dégager toute sa puissance, le soleil a carte blanche pour brûler les peaux et la terre. Ce mardi, du sud au nord, toute l’île est sous son joug, Mayotte a soif. Las, ici et là sous son poids, les habitants harassés s’organisent tout de même comme des fourmis pour converger vers un point de salut : les sites de distribution d’eau.
Depuis le 20 novembre, officiellement, chacun des 350 000 habitants de l’île peut bénéficier gratuitement d’un pack d’eau en bouteille par semaine. C’est une des principales réponses à la grave crise qui touche le département de l’océan Indien puisque le précieux liquide ne sort presque plus des robinets. Mais en ce mardi de décembre, au sud, à Bandrélé par exemple, ou plus au nord, comme à Mamoudzou, le chef-lieu, de l’eau il n’y en a pas, ou plus.
« On nous traite comme des chiens », désespère dans cette première localité un père de famille qui n’a « même plus la force d’être en colère ». Mohamed s’était arrangé avec un collègue pour se dégager un peu de temps afin de récupérer ses bouteilles d’eau aux allures salvatrices. « J’étais content, il y a plein de gens qui ne vont pas chercher......