L’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) a livré, pour la première fois, un bilan de l’état des stocks de poissons débarqués dans cinq départements ultramarins.
21 % des espèces capturées sont menacées.
Alors que l’Ifremer analyse depuis 2019 les ressources halieutiques débarquées dans les ports de l’Hexagone, l’Outremer figurait hors de leurs radars. Pourtant, les aides européennes accordées par la Commission aux marins pêcheurs sont conditionnées à l’état de la ressource. « Cette exigence européenne nous a poussés à améliorer les diagnostics dans les régions ultrapériphériques », précise Alain Biseau, biologiste des pêches à l’Ifremer.
Ce premier bilan s’appuie sur les débarquements effectués en 2021 en Guadeloupe, à la Martinique, à la Réunion, en Guyane et à Mayotte. Selon l’Ifremer, 34 % des débarquements proviennent d’espèces estimées en bon état. 21 % des espèces débarquées sont considérées comme surpêchées et/ou dégradées, c’est-à-dire que la pression de pêche est supérieure au rendement maximal durable.
Le thon blanc, très pêché en Martinique et en Guadeloupe, est en bon état dans cette zone, contrairement au marlin bleu, surpêché et dégradé aux Antilles et dans les eaux réunionnaises. Selon la situation géographique, l’état des stocks est différent. À la Réunion et à Mayotte, les populations de thon blanc sont surpêchées et dégradées alors que les stocks d’espadon ou de thon listao sont évalués positivement.
L’analyse reste incomplète, car 43 % des débarquements totaux de poissons n’ont pas été évalués. « Nous manquons de connaissances sur une grande partie des populations, à l’exception des grands pélagiques (thon, espadon, marlin…) surveillés par différentes commissions internationales. Pour la plupart
des espèces côtières, il faut renforcer leur suivi pour permettre une gestion durable », avertit Alain Biseau.
Carte : Bilan de l’état des stocks de poissons débarqués dans 5 territoires ultramarins. Crédit Jeremie Barrault-Ifremer