GUYANA Les pirates sabordent la pêche artisanale

Pan important de l’économie guyanienne, le secteur de la pêche a affiché un taux de croissance négatif en 2011. Le gouvernement a attribué ce recul à l’envolée des prix du carburant, aux aléas climatiques mais aussi aux actes de piraterie qui, depuis des décennies, constituent un problème majeur de sécurité publique. Un sommet a été atteint en février, avec 15 bateaux de pêche attaqués en 24 h au large du Pomeroon. Les 19 occupants ont été frappés à coups de machette, ligotés puis abandonnés après le pillage de leurs embarcations. Ils ont perdu moteurs, sennes, réserves d’essence, poissons, portables - et sûrement l’envie de reprendre la mer... Parfois, lorsque les pêcheurs ripostent instinctivement ou reconnaissent leurs agresseurs, ils le payent très souvent de leur vie. Il est difficile d’obtenir des chiffres précis, mais les pirates - dont certains sont à la fois pêcheurs et contrebandiers - sont soupçonnés d’avoir assassiné au moins 18 personnes entre 2008 et 2009. Le taux d’élucidation des affaires est faible. La police maritime dispose de peu de moyens en hommes et en matériel pour patrouiller sur ces 432 km de côtes et ces nombreux estuaires, criques et rivières. Récemment, les autorités ont lancé une campagne de régularisation dans toutes les régions car nombreux sont les bateaux sans certificat d’immatriculation et les pêcheurs sans permis. Le Suriname n’est pas épargné par ces actes criminels. Les deux pays misent sur la coopération. En janvier, le gouvernement Bouterse a exigé que chaque patron pêcheur guyanien ait son rôle d’équipage*. À la mi-juin, il a annoncé qu’il allait rapidement prendre des mesures radicales pour protéger ses zones de pêche et lutter contre la piraterie ; et inviter son voisin à signer un accord dans le but de limiter le nombre de bateaux opérant dans ses eaux territoriales. Cet accord précisera le type d’embarcation autorisé, les méthodes de capture et les modalités de livraison des prises. La filière pêche en Guyana emploie 14 000 pêcheurs et aquaculteurs, et génère des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.

* Titre de navigation contenant la liste de l’équipage.

Photo de Atelier Aymara

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