Le retour sur Terre de l’IXV, le 11 février dernier, marque l’entrée tardive, par rapport aux autres puissances spatiales, de l’Europe dans le monde du vol suborbital, de la rentrée atmosphérique et des vols habités. Ce succès technologique et politique s’inscrit dans une histoire plus ancienne, démarrée en 1977, celle de la navette européenne “ Hermès ”. Avant d’être abandonné par l’Agence spatiale européenne (ESA) le 23 novembre 1992, le programme Hermès aura eu, tant en Europe qu’en Guyane, des répercussions considérables sur le développement économique.
Hermès est un avion spatial qui devait être lancé depuis Kourou, sur Ariane 5, avec à son bord 3 spationautes. Fin 1975, au sein de la direction des lanceurs (DLA) du CNES, on parle déjà de vols habités et de mini-navette lancée par de futures versions d’Ariane. Sous la houlette de Frédéric D’Allest, la première configuration est étudiée en 1977. Au même moment, la NASA procède déjà aux essais en vol atmosphérique de son “ shuttle ”. Les études portent sur le guidage automatique, l’aérodynamique, la fourniture d’énergie électrique par piles à combustible et les protections thermiques pour la rentrée atmosphérique. En 1983, le président du CNES, futur ministre de l’espace, Hubert Curien. Annonce « Nous sommes maintenant pratiquement sûrs que la France et l’Europe devront se lancer dans les vols habités » En 1984, Hermès s’est transformé en mini navette spatiale capable de transporter un équipage de 4 à 6 spationautes et 4500 kg de fret. Trop lourde pour être lancée par une Ariane 4, la DLA du CNES réfléchit donc à une version améliorée du lanceur, contribuant ainsi aux spécifications de la future Ariane 5. En janvier 1985, pour la première fois depuis 10 ans, le conseil ministériel de l’ESA réuni à Rome, valide le projet du CNES. La France poursuit les études, cette fois avec ses partenaires spatiaux originels, la Belgique, l’Italie, la Suède et la Suisse ; l’Allemagne ayant reporté sa participation pour des raisons financières. En janvier 1......