« Il faudrait peut-être que les Comoriens prennent des kwasas par milliers pour que la France comprenne ce qui nous arrive. »
Les relations entre la République fédérale islamique des Comores et la République française ne sont pas au beau fixe. Dans une interview explosive au quotidien « Al-Watwan », le gouverneur de l’île d’Anjouan appelle la population à partir à la reconquête de Mayotte. Un discours qui vient torpiller l’accord du 22 juillet 2019 conditionnant le versement d’une aide au développement de 150 millions d’euros sur trois ans à la mise en place d’un plan de lutte contre l’immigration clandestine. Mayotte célèbre cette année le dixième anniversaire de sa départementalisation.
Un quart de siècle après l’instauration du « Visa Balladur », les Comoriens continuent à mourir par milliers sur le bras de mer séparant Mayotte d’Anjouan, alors même que l’État et le comité Maore prônent toujours un même discours : « Mayotte est comorienne et le restera à jamais ». Les enfants du club Soirhane de Mirontsy proposent d’initier de nouveaux paradigmes sur la question. Après avoir érigé une stèle en mémoire des victimes, ils projettent d’ouvrir un observatoire national, afin de donner un nom et un visage aux noyés. Le 18 janvier, Anissi Chamsoudine, gouverneur de l’île de Ndzuwani, est intervenu en soutien de leur action, à l’occasion de la deuxième commémoration de la stèle de Mirontsy. Nous lui avons posé quatre questions. Le temps n’est-il pas venu de changer de discours ? Je ne suis jamais allé à Mayotte. Car je ne me vois pas prendre un visa pour me rendre dans mon propre pays. Autant y aller en kwasa, plutôt que de prendre ce visa. Mais je pense que continuer à dire Maore io yatru (Mayotte est comorienne) ne suffit plus. Cela fait des années que l’on continue à reprendre la même litanie. Je pense qu’il faut des actions de part et d’autre. Pendant que l’État continue de se rendre aux Nations Unies, le citoyen ne cesse de mourir en mer. Il nous faut changer de discours. L’État peut et doit continuer à plaider à l’assemblée générale des Nations Unies, mais les citoyens doivent aussi prendre conscien......
