Face au manque de place dans les établissements médico-sociaux de leur région, les jeunes Antillais - Guyanais atteints de déficience motrice importante doivent partir en métropole. Ils supportent alors une séparation non seulement physique, mais aussi culturelle et sociale : différence de nourriture, de climat, d’habitudes… Quel est le quotidien de ces jeunes résidents en France ?
Il est dix-huit heures, il fait nuit dans cette commune du centre de la France, quand une longue plainte s’échappe d’un établissement pour jeunes en situation de handicap. Louis-Maël déambule dans le couloir, il se traîne avec son fauteuil roulant, de long en large et émet ce son assez spécifique, déchirant : mi-cris, mi-pleurs, mi-plaintes. Nous sommes en plein hiver, il gèle dehors et Louis-Maël veut appeler sa famille. Sa famille qui est restée là-bas, à Deshaies en Guadeloupe. Normalement, il l’appelle tous les jours, plusieurs heures par jour : sa maman lui montre ce qu’elle a préparé pour le repas, ils écoutent de la musique ensemble, parfois ne font rien d’autre que partager une présence, sans nécessairement parler. Cependant, Louis-Maël vit en établissement médico-social dans un département rural à 8 000 km de chez lui et il doit se plier à des règles. Parmi celles-ci : le respect des éducateurs, aides-soignants, ou tout autre personnel de l’établissement. Aujourd’hui, Louis-Maël a tardé à se doucher. Exaspérée par cette situation qui se répète, l’équipe a décidé de sévir : « On sait qu’ils sont lents là-bas, c’est doucement, faut pas les bousculer, mais ici on n’est pas dans les îles, on respecte les horaires ! ». Aussi, à vingt ans, Louis-Maël est privé de téléphone pendant un mois. Dans certains établissements en France, notamment dans les départements les plus ruraux, on rencontre des jeunes caribéens à l’image de ce jeune. Comme les aut......