Kokolampoe, un îlot de création guyanaise
Saint-Laurent-du-Maroni, situé à l’extrémité nord-ouest du département de la Guyane, est l’arrondissement le moins peuplé du territoire national avec 2,4 hab/Km2, à 253 kilomètres de la capitale, Cayenne. Alors naturellement lorsque les deux dramaturges Serge Abatucci et Ewlyne Guillaume débarquent dans ce lieu excentré, il y a plus de 20 ans, c’est un autre monde qui s’offre à eux. Serge à l’habitude de dire en plaisantant que le mot théâtre il fallait l’épeler tant il semblait étranger au vocabulaire usuel de la population locale représentée par une pluralité ethnique. Il y a les Créoles, les Hmong, les Amérindiens et aussi les Bushinengue, en particulier les Saramaka. « Le point de départ de cette aventure, c’est la rencontre avec la jeunesse multiculturelle de ce territoire si singulier et cette idée d’y implanter du théâtre-école ». Les deux pionniers mènent sur place un travail de laboratoire pendant 5 ans. « On les a formés à titre expérimental au genre théâtral, poursuit Ewlyne Guillaume. On ne parlait pas la même langue. Il nous semblait à tort que la différence culturelle pouvait s’avérer un obstacle, les Bushinengue étant les plus conservateurs de leur culture. Voilà pourquoi, avant de parler art de la scène, nous avons échangé autour de leur musique, et ensuite seulement nous avons ouvert la porte de la création dramaturgique et réussi ce pari complètement fou. »