Fort-de-France est enfin derrière nous. Les méandres sinistres de la rocade urbaine, encadrés de béton sale, cèdent finalement la place à une jolie route côtière qui épouse la courbe des anses, gravit les caps puis replonge vers les fonds. Tout un vocabulaire qui illustre l’inégale topographie côtière de l’île.
En Martinique, une remontée vers le nord est synonyme d’un voyage dans le temps. Les reliefs doux du sud de l’île sont les fantômes des premiers volcans martiniquais. Plusieurs millions d’années d’érosion en sont venus pratiquement à bout et les quelques mornes dépassant 400 m d’altitude n’ont pas le panache de leurs puînés du nord. La route “Caraïbe” - qui mène au nord - longe le massif des pitons du Carbet, un vaste ensemble volcanique torturé, hérissé de longues crêtes étroites qui dominent de profondes ravines. Les dorsales relient des pitons coniques élevés, fouettés par les vents et la brume. Ces monts détrempés, couverts d’une végétation dense inextricable sont tout simplement superbes et émouvants. Ils offrent le visage le moins connu de la Martinique : celui d’un environnement primaire, ancien, rude et délaissé par l'Homme. Le contraste avec les voiries congestionnées et bruyantes de l’agglomération de Fort-de-France est brutal… et salvateur. Ces volcans-ci sont bien plus jeunes, ils se sont dressés il y a environ quatre millions d’années et leurs pentes demeurent extrêmement raides. D’ailleurs, l’accès aux pitons du Carbet se mérite : les rares pénétrantes sont exiguës, abruptes et boueuses. Les traces, ouvertes par les randonneurs et les adeptes du canyonisme, sont matérialisées par de profonds sillons qui se dirigent vers les crêtes. Là-haut, au-dessus de 1000 m, les vents maintiennent la végétation basse. Les crêtes ......