Photo Bastien Doudaine
- Un des véhicules du SAMU 976 transfère une personne malade de Petite à Grande Terre, les deux principales îles qui composent Mayotte. On devine parfois Anjouan à l'horizon, l'île la plus proche des Comores voisine, à seulement 70km des côtes mahoraises.
Photo Bastien Doudaine
- Une femme est conduite par un des véhicules d’urgence jusqu’à Mamoudzou, la capitale. Le SAMU intervient sur toute l’île et permet les liaisons entre les différentes structures qui composent le CHM, unique structure publique de l’île. Ce sont plus de 10 centres de consultation, autrement dénommés « dispensaires », qui assurent les soins de premiers recours, secondés par quatre centres médicaux de référence avec une permanence médicale 24 h/24, et un unique plateau technique avec la majorité des spécialistes à Mamoudzou.
Photo Bastien Doudaine
- Aux urgences du CHM, un médecin explique à Bastien, un des internes du service, ce qu’il voit sur une échographie cardiaque. Le temps qu'il est possible de dédié à l'enseignement est de plus en plus rare, tant la charge de travail est grande Mayotte souffre d'un manque criant de professionnels de santé. Attiré par l’intérêt médical, des pathologies souvent plus graves et peu ordinaires, les soignants sont partagés entre leur utilité manifeste et l'épuisement du travail dans des conditions difficiles. L’île met en avant ses atouts naturels et une rémunération très attractive pour tenter de motiver les vocations..
Photo Bastien Doudaine
- Cloé et Maïmounati , sage-femme et aide -soignante au service de l'HAD, Hospitalisation à Domicile du CHM, vont en visite chez des femmes enceintes. Elles se déplacent entre les tôles des bangas, l’appellation locale des bidonvilles, pour le suivi des femmes atteintes de maladies durant leur grossesse. Comme Cloé, la grande majorité des sages-femmes de l’île sont métropolitaines. Les aides soignantes sont, elles, mahoraises et constamment sollicitées pour traduire le shimaoré, voire le shibushi en plus de leurs compétences de soins sans forcément avoir de formation ou de reconnaissance..
Photo Bastien Doudaine
- Cloé examine la grossesse de Binti, une femme atteinte de diabète gestationnel également suivie pour une épilepsie. La sage-femme raconte qu’avec la barrière de la langue « les médecins l’avait considérée comme incapable de se gérer seule ». Les deux soignantes font le constat d’une jeune femme qui, au contraire, gère plutôt bien. Néanmoins, de nombreuses femmes sont atteintes de ce type de diabète dont les règles alimentaires strictes sont difficiles à appliquer en raison des contraintes financières qui limitent les plus précaires à la consommation de Oubou, du riz bouilli.
Photo Bastien Doudaine
- Sur demande des pompiers et des forces de police, l’équipe du SMUR intervient auprès d’une femme présentant des troubles psychiatriques à Koungou. À Mayotte, les forces de police sont très présentes, toujours visibles et en vigilance constante. Depuis l’opération Wuambushu, qui a débuté fin mai, les effectifs ont même été renforcés comme seule réponse à l’augmentation de l’insécurité et des agressions sur les routes. L’hôpital souffre de cette image véhiculée en métropole, alors même que les agressions des professionnels de santé restent rares. Si la présence policière rassure une partie de la population, elle représente une entrave pour l’accès aux soins des exilés, qu’ils soient originaires des Comores ou d’Afrique de l’Est, qui n’osent consulter que lorsqu’il est déjà trop tard
Photo Bastien Doudaine
- Les sages-femmes accouchent un nourrisson dans la salle d’examen habituellement utilisée pour l’accueil et la première évaluation obstétricale. Prises de court par la rapidité de cet accouchement, elles n’ont pas eu le temps de la transférer dans une des sept salles de naissance. Le CHM accueille aussi la première maternité de France, avec 10 795 naissances l’année dernière.
Photo Bastien Doudaine
- Une des auxilliaires puéricultrices de la maternité de Mamoudzou installe un troisième nouveau-né dans un des appareils de photothérapie, pour traiter les ictères néonataux. Depuis la réforme du droit du sol à Mayotte en 2018, un enfant né de parents étrangers à Mayotte n’aura la possibilité d’acquérir la nationalité française à sa majorité que si l’un de ses parents réside sur le territoire français de manière régulière et ininterrompue depuis plus de trois mois avant sa naissance. Autre spécificité locale, tous les nourrissons sont vaccinés contre l’hépatite B à la naissance, tant la circulation de cette maladie virale est active sur l’île et de nombreuses grossesses non médicalement suivies.
Photo Bastien Doudaine
- Le collectif des citoyens de Mayotte, menée par Safina Soula Abdallah, occupe la salle des admissions aux consultations du principal hôpital de l'île. Les femmes de ce collectif arborent la fleur d'ylang-ylang, un des symboles de Mayotte et le drapeau français, tout en bloquant l'accès aux consultations de toutes les personnes qui avaient rendez-vous ce 9 mai. L'hôpital publique est accusé par ces collectifs de ne soigner que les étrangers et de provoquer un "appel d'air migratoire", alors même que l'hôpital soigne tout le monde, mais surtout les personnes précaires. De fait, les mahorais qui ont les ressources financières nécessaires préfèrent se faire soigner à la Réunion, voire en métropole, alors que 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté.