Vivre dans le Sud de la Guyane : une jeunesse bouillonnante
« Il y a des sacrés parcours chez les enfants de l’intérieur. Il y en a qui ont un destin hors du commun et qui restent liés à leur terre. Il y a aussi une jeunesse laissée pour compte, et qui, pour avoir une formation doit s’extraire de ces espaces isolés » raconte Sandy, une enseignante. “ La jeunesse ” n’est pas qu’une tranche d’âge en Guyane, c’est une invocation constante au redressement, une gageure en l’“ avenir ”. Dans les cinq communes du Parc amazonien, ils sont 10 000 à être âgés de moins de 15 ans, soit près d’un habitant sur trois. Sur leurs épaules frêles, les aînés chargent ce qu’eux-mêmes et leurs contemporains ont en partie raté : refuser l’acculturation, exiger le respect “ de l’apprentissage de la vie” en famille, être considéré et discuter les lois.
À cinq et trois ans, les enfants du village Roger à Trois-Sauts ne s’en soucient pas encore. Espiègles et débordant de bonheur, ils plongent sans relâche dans l’eau écumeuse de l’itu wasu (le grand saut ou Trois Sauts). En ce mardi de rentrée scolaire, il n’y a pas cours car les enseignants ne sont pas encore arrivés. Les vacances de Pâques s’étirent car aucune pirogue n’a ramené les professeurs partis sur le littoral, à deux jours de navigation. La conjugaison à l’indicatif du verbe “ râper ”, épinglée au tableau, attend on heure......
