« Pour nous les Aluku, la richesse ce n’est pas le matériel, c’est l’être humain » Béatrice Agouinti, Agente territoriale à Maripasoula, Guyane
Béatrice Agouinti est née dans l’un des lieux les plus sacrés de Guyane, à l’aube d’un redécoupage territorial d’ampleur de ce département. Elle voit le jour en 1968 à Boniville. Ce village de cases en bois peint bordé par le fleuve Lawa et la forêt est l’un des sites les plus importants de l’histoire des Aluku de Guyane, descendants d’Africains déportés. Ce village fut nommé en l’honneur du chef et grand-guerrier Boni qui pris la tête de puissants groupes d’esclaves rebelles (ou Noirs-Marrons) qui opérèrent notamment des raids punitifs contre les maîtres des plantations esclavagistes de la colonie hollandaise, frontalière avec la colonie de Guyane française, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. A sa naissance, Boniville est englobé dans le territoire très contesté de l’Inini, un périmètre qui mettait sous le contrôle du préfet d’État la quasi-totalité des habitants de la Guyane dont la vie était aussi régie par la coutume. “Comme le veut la coutume, j’ai été élevée par ma grand-mère qui vivait à Cayenne [alors distante à deux jours de pirogue et plusieurs heures de voiture de Boniville, NDLR]. J’aurais aimé que ça dure plus longtemps, mais à l’âge de 5 ans ma grand-mère est décédée. J’ai alors passé une grande partie de mon enfance dans le home de Maripasoula”, commune fluviale située en amont de Papaïchton. Ce home, pensionnat catholique tenu par des sœurs où étaient envoyés les enfants amérindiens, créoles et bushinengués (descendants des Noi......