Fleurs de fleurs, fierté de Mayotte qui lui vaut son surnom d’ « île au parfum », l’ylang-ylang a vu au tournant des années 2000 ses pétales jaunes réduits à l’état de symbole, en même temps que les coûts de production de son huile essentielle pourtant très prisée par les plus grands parfumeurs ont grimpé en flèche. Une poignée d’irréductibles, accompagnés par le Département, l’État et l’Europe, tente pourtant coûte que coûte de redonner ses lettres de noblesse à l’ylang mahorais. Avec déjà quelques succès.
Une histoire de famille « J’enchaînais les petits boulots en métropole, mais je n’étais pas vraiment heureux. Quand j’ai compris que mon grand-père n’allait pas bien, tous mes souvenirs d’enfance dans les plantations sont remontés. Ça m’a paru une évidence de retrouver ça, de le préserver », raconte Anouar*. Nous sommes en 2014, et le quarantenaire n’a alors aucune idée de la destinée qui l’attend dans la filière ylang de Mayotte. Mais il y a cette « évidence », celle des liens du sang consolidés par la transmission et ancrée, profondément, dans une terre sans autre pareil. « Nous avions une relation très forte, c’était le chef de famille mais aussi une grande figure du village. Tout le monde le respectait et moi je l’ai toujours admiré car il n’a jamais plié, il a dédié sa vie entière pour préserver l’ylang de Mayotte. On ne pouvait pas laisser cela s’éteindre », poursuit Anouar. Sillonnant les parcelles ombragées par ces arbres biscornus aux effluves envoûtantes, le gaillard à gueule d’ange nous plonge dans son histoire, reflet de celle d’une île au destin chahuté. Vérifiant méticuleusement les précieuses fleurs jaunes en étoile - « tu vois, c’est quand il y a ces petits points rouges à la base des pétales qu’elle est le plus concentrée en huile essentielle », Anouar renoue avec ses premiers émois floraux dans les années 80. « À l’époque, tout le village venait p......