La montagne d’Argent, la caféerie de l’absurde
« L’air y est sain et ne peut être vicié, puisqu’il vient constamment de la mer et que l’établissement n’est pas, six fois chaque année, couvert par le brouillard de l’intérieur. L’eau y est excellente et ne tarit jamais. La chasse et la pêche y sont abondantes » Voici décrite l’Habitation de la Montagne d’Argent dans la Feuille de la Guyane française du 5 janvier 1839. La propriété, alors à vendre, comprend une « belle et grande case à maître à étage », deux moulins, un colombier et des terres « de première qualité ». Le futur acheteur se voit promettre 40 000 francs de revenu net. 80 esclaves sont aussi proposés à l’achat, « en général tous en bon état ».
La propriété possède 5000 pieds de caféiers « qui produisent 0,40 kg par pied, soit 2000 kilogrammes » (Notices statistiques sur la Guyane française). En 1833, le voyageur Adam de Bauve rapporte dans le Bulletin de la Société de géographie que cette Habitation est déjà « renommée pour l’excellence du café qu’elle produit. » « Il n’est pas de gourmet qui ne connaissent, au moins de réputation, le café de la Montagne d’Argent » confirme le propriétaire Dejean. Cependant, écrit encore ce dernier, « son importance actuelle est trop minime, trop insignifiante, et ne compenserait pas les inconvénients qu’entraînerait l’extension de la colonie jusque-là. » (Essai sur la ......