La papillonite prise au sérieux
Les habitants d’Iracoubo et de Sinnamary retiendront de l’année 2011, le calvaire infligé par la pullulation intense du papillon cendre dans les mangroves alentours. La papillonite, affection cutanée, est la conséquence du contact avec les micro-fléchettes venimeuses très urticantes libérées par les femelles de papillons cendre (Hylesia metabus). Elle peut entrainer des réactions anticoagulantes, pro-inflammatoires fibrinolytiques et vaso-dégénératives. Ce phénomène, qui frappe en permanence l’ouest guyanais a atteint ces neuf derniers mois un degré tel qu’une politique sanitaire adaptée est apparue comme indispensable. Une expertise commanditées par la Région et menées par l’entomologiste Jean-Philippe Champenois et le Parc Naturel Régional, vise à mettre en place une cellule permanente d’observation et de prévention de la papillonite, en vue de lutter contre la prolifération du papillon. C’est en s’appuyant sur les travaux scientifiques conduits au Venezuela avec des cas rapportés dès 1937, qu’on espère élaborer une stratégie locale plus adaptée. Le biocide Btk Dipel y a déjà été épandu localement en 2006, avec pour résultat la diminution de la population d’H. metabus. Cependant, ce Btk est toxique pour les chenilles d’espèces de huit familles de lépidoptères, les oiseaux et les petits mammifères qui se nourrissent de ces insectes. Par ailleurs, 12 souches de bactéries, 4 souches de champignons et 23 espèces potentielles d’insectes parasitoïdes pourraient constituer d’autres pistes de lutte. Le Venezuela travaille aussi à la mise au point d’un remède actif contre les lésions produites par le contact avec les poils du papillon cendre.
Photo DEAL / Avion jaune : infra-rouge de la mangrove au bord du fleuve Sinnamary réalisée depuis un avion. Les zones grisées du couvert forestier correspondent à des arbres défoliés, probablement à cause du papillon cendre.