Les éleveurs pris dans la gueule du jaguar
Sur son téléphone portable, Renwick Brown fait défiler les photos. Des moutons inertes, couchés sur le flanc, les yeux écarquillés. Morts. Il en a plusieurs dizaines. « J’avais près de 200 moutons. En quelques mois, le jaguar m’a mangé la moitié de mon troupeau. » Alors qu’il n’avait jamais eu de victimes de jaguars identifiées jusque-là, le déboisage d’une parcelle d’une centaine d’hectares à côté de son élevage en 2019 provoque une vague d’attaques sans précédent.
« J’ai eu jusqu’à 28 bêtes tuées en une seule nuit, déplore-t-il. Au plus fort de la tuerie, ce petit exploitant qui travaille seul sur la piste de la Césarée n’avait même plus les moyens d’évacuer les charognes, livrant son exploitation aux ombres des corbeaux et des urubus. « Personne ne se rend compte de ce qu’on ressent, nous, les éleveurs. Mais le jaguar n’est pas seulement un cliché de cartes postales : il a une réalité sur le terrain. Et elle est loin d’être rose. »
Un problème majeur et mal connu
Comme Renwick Brown, nombreux sont les éleveurs à se plaindre des attaques de grands fauves, qu’elles soient attribuées au jaguar ou, plus rarement, au puma. Une vaste enquête auprès des agriculteurs, menée par le tout jeune Observatoire d......