bosh & Bakaa - Rencontre au dégrad mineurs
L’installation du bagne n’a pas interrompu les dynamiques transfrontalières pratiquées par ces groupes. Au contraire, la ruée vers l’or des Antillais et Français vers le Haut-Maroni, à partir des années 1880, a fait de Saint-Laurent-du-Maroni un pivot des échanges commerciaux. La commune pénitentiaire n’était aux yeux de ces populations qu’un « trou noir, un toufé yen yen », selon un orpailleur sainte-lucien interviewé par Michèle Baj-Strobel. Ce lieu était à éviter parce que « les Blancs s’y mangeaient entre eux », comme le formule un témoin amérindien. Par contraste, le dégrad Mineurs, comme on appelait alors l’embarcadère du village chinois, était un haut lieu de ces échanges.
Un orpailleur Sainte-Lucien racontait à l’anthropologue Michèle Baj-Strobel qu’« on [y] rencontrait plein de gens noirs, blancs, de toutes races qui descendaient des mines ou voulaient y monter ». Le transport fluvial était alors assuré par des « canotiers » marrons, partie prenante de ce commerce dès la découverte de l’or. Comment se déroulaient ces rencontres entre « mineurs », « canotiers » et autres commerçants ? Comment ces hommes se percevaient-ils mutuellement ?
Entrons dans l’atmosphère du village chinois des années 1930. Le roman Roucou de Jacques Perret, publié en 1936, décrit av......