Ciguatera : « Ça gratte, docteur ! »
Il y a 5 ou 6 ans, j’ai fait une pêche à Lifou avec des copains. On a départagé les poissons et j’ai hérité d’une grosse loche saumonée, un poisson carnassier qu’on mange souvent en Nouvelle-Calédonie. Je l’ai préparée le soir même en salade, crue. Dans la nuit, toute la famille qui m’accueillait et moi sommes tombés malades, raconte Titouan Piller, à cette époque étudiant infirmier au dispensaire de Lifou, une des trois îles Loyauté. D’abord, j’ai eu des nausées et vomissements incontrôlables, en continu, et des diarrhées jusqu’au lendemain matin. Ensuite, des douleurs musculaires diffuses sont apparues. Puis, j’ai eu une intolérance à l’eau, j’avais beaucoup de mal à m’hydrater à cause d’une sensation douloureuse de picotements dans la bouche et dans l’œsophage. Dans l’après-midi, je suis allé faire une sieste et, au réveil, je ne pouvais plus du tout me lever. Le soir, j’étais bradycarde, mon cœur battait plus lentement qu’à la normale, et j’avais une toute petite tension. » Ces nombreux symptômes sont caractéristiques de la ciguatera, appelée plus couramment « la gratte », causée par la consommation de poissons contaminés par les toxines des microalgues du genre Gambierdiscus spp. « J’ai mangé toute ma vie du poisson sans faire attention à l’espèce et la taille, continue le jeune homme, arrivé en Nouvelle-Calédonie lorsqu’il était bébé. Je n’avais jamais entendu parler de cette maladie avant ma première contamination. » La f......