Vivre sur un joli petit caillou, perdu au milieu de l’Atlantique Nord, s’apparente à une vie paradisiaque. Mais pour la jeunesse de l’île de Saint-Pierre-et-Miquelon, l’envers de la carte postale est loin d’être idyllique. Le sujet de leur santé mentale est devenu une priorité pour les élus et les acteurs sociaux.
La scène se passe sur l’île de Saint-Pierre, place du Général de Gaulle, un après-midi de juillet. Côté météo, le thermomètre affiche 11°. Une brume à couper au couteau plombe le paysage, et ça dure depuis une bonne semaine. Assises sur le banc en face de la Poste, Manon et ses deux copines râlent en dégustant un sorbet rose bonbon. « On n’en peut plus de ce temps pourri, peste Manon, 15 ans. On a le moral à zéro, on ne peut pas se baigner, se balader… Pour se croire en été, ben, il nous reste les glaces ! » Et l’espoir d’un ciel bleu pour chasser le vague à l’âme et goûter à l’ambiance estivale. « Tu déprimes quand tu vois pas le soleil, commente sa voisine Lola, 14 ans. On se tape des hivers super froids alors si c’est pour passer les grandes vacances enfermées ou dehors avec des pulls et des bottes, non merci ! Déjà que c’est tout petit ici, y’a pas grand-chose à faire, vraiment c’est dur pour les jeunes. » Le ronchonnement sur l’humeur du baromètre pourrait paraître anecdotique. Pourtant, il sous-entend bien d’autres réalités sur ce que cela veut dire de grandir sur un archipel de 242 km2 au total et seulement 26 km2 pour l’île principale de Saint-Pierre. D’un côté, la version idyllique d’une existence insulaire paisible, où l’on sort en toute tranquillité dans la rue avec les potes dans une ambiance de village. De l’autre, l’impression oppressante d’être enfermé dans une bulle. Voire une « prison dorée », assène Manon. Pas facile pour ......