Comme le reste des Outremer, la Guyane manque de médecins, de sages-femmes, d’infirmiers… Durant les grandes vacances, l’hôpital de Saint-Laurent du Maroni a dû réguler ses urgences ; des sages-femmes n’ont pas trouvé de remplaçante ; des consultations ont été suspendues. La télémédecine, apanage jusque-là des communes isolées, se déploie désormais sur le littoral urbanisé. La possibilité, à partir de cette rentrée, d’effectuer l’intégralité de ses études de médecine aux Antilles-Guyane devrait fidéliser les étudiants sur les territoires, mais ne produira ses effets que dans six ans aux mieux. Avant cela, la perspective d’un CHRU de Guyane en 2025 est attendue comme un facteur d’attractivité.
La scène se passe dans la périphérie de Cayenne. Pour éviter que leurs patients ne fassent le pied de grue pendant des heures dans la salle d’attente, deux médecins ont mis en place un système de tickets. Comme chez le boucher ! Les milliers d’habitants du secteur de Soula et du quartier spontané de Sablance à Macouria, se sont vite adaptés : certains se lèvent au milieu de la nuit, dès 3 heures, pour récupérer un des premiers tickets. Ils retournent se coucher et reviennent au lever du soleil. Des petits malins, eux, récupèrent des tickets dans la nuit puis les revendent au petit matin à ceux qui n’en ont pas. Tickets, consultations uniquement sur rendez-vous au risque de ne pas pouvoir prendre une petite urgence, salle d’attente exiguë pour décourager ceux qui arrivent après les autres. Aucune solution ne semble parfaite dans une Guyane où le nombre de médecins est largement insuffisant. « Quand j’arrive le matin dans mon cabinet et que je dois traverser le couloir, déjà rempli de personnes qui m’attendent, c’est un énorme stress pour démarrer la journée », témoigne un jeune médecin de Cayenne.