Décoloniser l’écologie pour mieux habiter le monde : entretien avec Malcom Ferdinand
Vous êtes Martiniquais, ingénieur à Londres, philosophe à Paris, chercheur dans les Caraïbes et en Afrique notamment… quel est le cheminement entre ces spécificités qui vous caractérise ?
J’ai grandi en Martinique jusqu’à mes 18 ans, avant d’entamer une première formation d’ingénieur en environnement. Ensuite, il y a eu cette expérience dans l’humanitaire au Darfour (Soudan), où j’étais responsable d’un programme d’accès à l’eau et à l’assainissement pour des populations déplacées. Et puis j’ai continué cette sorte de quête que je mène, qui n’est pas uniquement académique, mais aussi personnelle. La Martinique a une histoire très riche, mais c’est une petite île en taille. Très jeune, on sait qu’il y a un ailleurs qu’on ne maîtrise pas très bien, et on sait aussi qu’on se trouve dans les marges de l’imaginaire politique de la République française qu’on a très tôt envie d’aller voir. C’est peut-être propre aux Antilles, et certainement aussi à la Guyane, mais on grandit avec le sentiment d’un ailleurs, dont on ne connaît pas grand-chose. Ce n’est pas un hasard si, pour ma première mission humanitaire, je suis allé en Afrique ; le continent occupe une place extrêmement importante pour la Caraïbe, les Amériques et pour la diaspora noire. Et c’est ce livre qui m’a permis de me rendre compte qu’on ne connaît pas grand-chose de cette Afrique. Mais j’ai remarqué q......